"Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète. Je vois toujours des horizons là où tu dessines des frontières". Frida Kahlo
"Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète. Je vois toujours des horizons là où tu dessines des frontières". Frida Kahlo

2007: voyage en Ethiopie et retour à l’Erta Ale et Dallol

Comme d’habitude je rentre d’un périple volcanique sans avoir pris de notes! Seules ma mémoire et mes photos témoignent de mon périple éthiopien, fait dans le cadre d’un voyage proposé par Aventure et Volcans.

Notre protection: nos gardes et la Kalashnikov

Petite rétrospective photographique de ce voyage. Retrouvez encore plus d’images volcaniques sur mes pages Erta Ale, Dallol et Lac Karoum.

Bien différent de celui de novembre 2003 où j’avais été « héliporté » directement dans la caldeira de l’Erta Ale et sur le site de Dallol (pour une courte incursion de trois heures), ce voyage s’annonce plus rude avec de longs trajets en véhicules tout terrain.

La logistique sera-t’elle à la hauteur? Nous avons quatre véhicules et un cinquième va nous rejoindre dans la région Afar; de ce côté-là, nous ne risquons pas de rester en rade en plein désert.


De la fraîcheur des plateaux à la fournaise de Danakil.

Un wagon à la gare d’Awash.
Des tombes afars en plein désert.

28 janvier, nous quittons les plateaux éthiopiens et leur relative fraîcheur, descendant vers la dépression de l’Afar et ses températures caniculaires. La première nuit passée à Awash me réserve une surprise. Nous dormons dans un petit hôtel au bord de la voie ferrée Addis-Abeba Djibouti. Je suis déjà couché lorsque, vers 22 heures, le bruit d’un klaxon me ramène à la réalité. Le fameux train que j’avais vu à la TV dans la série « Des trains pas comme les autres » est là devant moi! A la lueur d’un néon faiblard les passagers montent et descendent des wagons, dans un ballet bien étrange.

Peu après Awash, nous délaissons la route pour la piste. Il faut deux jours pour rejoindre le pied de l’Erta Ale. Nous avons droit à tous les types de terrains possibles: chemin de terre poussiéreux, étendues de sable et champs de pierres. Sur le trajet, Afdera et ses salines sur les bords du lac du même nom, offre une dernière nuit correcte (sous la tente) et même une source d’eau chaude pour se débarbouiller.

Des enfants font le pitre.
Aigles d’Egypte.
Les salines d’Afdera


Le chemin vers l’Erta Ale est difficile.
Mur » intérieur » d’une habitation dans le village de Kursewad.

30 janvier. Bonne nouvelle, les formalités – véritables « sésames » pour le Danakil – sont rapidement finies. Nous sommes au pied d’un massif volcanique de 100 km sur 45 comprenant les volcans Gada Ale, Alu-Dala Filla, Borale Ale, Erta Ale, Hayli Gub et Ale Bagu. Prochaine halte en milieu de journée dans le village nomade de Kursewad au milieu d’un désert de sable. Les chauffeurs mettent en oeuvre tous leurs talents pour ne pas s’ensabler. Suite du « hors piste » jusqu’au pied du massif et nous voilà maintenant dans un 4×4 grimpant littéralement sur les rochers après avoir affronté le sable.

Le lac de lave de l’Erta Ale est là devant nous.

Fin du trajet en voiture, l’Erta Ale n’est plus très loin. Le soleil s’est couché et un panache de gaz rougeoit au dessus de sa silhouette. Est-ce bon signe? N’y-a-t’il pas trop de gaz? Cinq dromadaires sont censés porter nos affaires jusqu’au sommet mais quand l’atteindront-ils? Peut-être seulement au petit matin! Ils ne sont pas encore là au point de départ! Je me prépare donc à porter un sac bien lourd avec tout mon matériel photo et quatre litres d’eau lorsque la caravane arrive! Je peux me délester d’une partie de mon attirail et entame la marche d’un pas plus léger. Petite frayeur un peu plus tard, l’agitation gagne les premiers marcheurs: une vipère repérée par notre guide afar n’aura pas la vie sauve. Finalement les dromadaires seront au sommet une bonne heure avant nous! Pour notre part, nous mettons un peu plus de 4h30.

Il est presque 2 heures du matin, ce 31 janvier, lorsque nous contemplons enfin le lac de lave, moins d’une cinquantaine de mètres sous nos pieds. Les gaz sont effectivement assez présent. Nous toussons un peu et, pour les photos des fontaines de lave en plans rapprochés, il faut jouer avec les gaz. Heureusement, le lac se dévoile complètement de temps à autre. La chaleur des entrailles de la terre se fait sentir au bord du cratère.


La rude tâche de photographe.

Lorsque le lac s’agite, jongler avec deux appareils photos, alterner plans larges du cratère et plans rapprochés des fontaines n’est pas simple et engendre beaucoup de ratés. Mauvais réglages, matériel pas prêt, trépied qui gène les autres participants, je ne suis pas très content de ma moisson photographique de cette première soirée. Une douzaine de personnes postées sur des abords très instables impose un peu de concertation et d’attention. En 2003, j’ai vu partir au fond du cratère un joli reflex 24×36 haut de gamme…


Approcher le bord du cratère n’est pas sans risque.

Nous consacrons la matinée à parcourir d’anciennes coulées et champs de lave du pit-cratère sud, la température restant agréable. De nombreux cheveux de Pélée tapissent le sol. Les longues fractures béantes sur les pourtours du cratère, signes avant-coureur de chutes de parois du cratère, n’ont rien de rassurantes.


Un dernier coup d’oeil au lac de lave, la lumière solaire est maintenant très crue et la chaleur se fait ressentir. Sieste jusqu’à 15 heures pour laisser passer les heures les plus chaudes de la journée. Peu d’ombre. Nos guides et gardes se sont lancés dans un concours de tir à la Kalashnikov. Un bruit assourdissant dont l’écho résonne dans toute la caldeira.

Dans l’après-midi nous longeons le pit-cratère nord. Pas de lac de lave mais d’importantes fumerolles. En contournant le cratère nous arrivons à avoir une meilleure vue, les fumées s’échappant d’une ligne de fracture étant rabattues par le vent.

Retour au lac de lave pour la soirée. L’aube et le crépuscule sont les meilleurs moments pour observer le lac, l’éclat rouge de la lave se conjugue alors à la lumière solaire pour éclairer la peau superficielle de lave.


La difficile progression vers Dallol.

1er février. Retour aux voitures après une descente en fin de nuit. Nous repartons à Kursewad déposer un des guides locaux qui fut fort utile pour nous guider dans ces déserts de sables et de roches. Le village nomade dispose d’un puits. Nous ne refuserions pas une douche mais il faudra encore attendre avant de retrouver un certain confort. Un peu d’eau sur la tête seulement pour se rafraîchir et beaucoup pour remplir les jerrycans.

Porteuses d’eau à Kursewad.
Les dromadaires se désaltèrent.

Le chemin pour atteindre Dallol est encore long. Les superbes paysages volcaniques, survolés en hélicoptère en 2003 et depuis avec GoogleEarth, vus du sol ne sont que suites de plaines sableuses où les 4×4 s’enlisent et terrains caillouteux où la panne mécanique guette.


Halima, jeune fille Afar bien curieuse…

Lorsque le village d’Ahmed Ela apparaît, nous avons fait le plus difficile. Village de pierres lié à l’exploitation de sel proche sur le lac Karoum, on y trouve même un « bistro » approvisionné en soda et disposant d’une TV.


Extraire le sel au lac Karoum, un travail d’un autre âge.

 

Le lendemain 2 février, départ pour Dallol, mais nous ne manquons pas de nous arrêter au passage sur le site d’exploitation du sel sur le lac salé Karoum. Dans une chaleur infernale et sous une lumière blanche aveuglante, des hommes entaillent la croûte de sel. Les lourdes plaques de sel sont découpées en pains de taille fixe et chargées sur des dromadaires qui prennent la route de la montagne en de longues caravanes.


Dans la chaleur éprouvante de Dallol, la naissance du monde.

Dallol, enfin, est atteint en fin de matinée. Deux sites récents au pied de l’îlot proprement dit sont à voir. Le premier nous offre, dès notre arrivée, un petit lac avec des geysers dans un monde minéral brunâtre. Une forte odeur d’hydrocarbures y imprègne l’atmosphère. En milieu de journée nous nous installons à la limite du lac salé à l’entrée des canyons. C’est ici que nous campons pour ces 2 jours d’incursions dans ce site inclassable qu’est Dallol.

La chaleur est éprouvante, mais l’ombre est plus supportable que je ne pensais. Reste à en trouver. C’est collés aux parois que l’on suis la lente rotation du soleil dans sa course diurne. Nous partons vers 15h30 à la découverte des canyons de Dallol. Seul notre guide afar semble capable de s’y retrouver, reconnaissant chaque pilier de sel et cheminée de fée. Un ciel nuageux ternie malheureusement passagèrement un peu les couleurs.


Des références culinaires…

Le lendemain matin, les nuages refont une brève apparition. Le soleil s’impose en fin de matinée à notre grand soulagement et Dallol nous offre alors ces paysages inoubliables allant d’un blanc immaculé à l’orange profond en passant par le jaune soufré et le vert émeraude. Nous sautons d’un site hydrothermal à un autre comme des enfants, contemplant concrétions et dépôts. L’ouïe est aussi mise à contribution, si l’on approche l’oreille de tous ces petits monticules, des gargouillis se font entendre. Difficile de décrire Dallol, la poésie n’est pas toujours au rendez-vous dans nos commentaires. Les références sont souvent culinaires: meringues, îles flottantes, forêts noires, crêpes, oeufs brouillés, croûtes de gâteaux au chocolat…


On déambule maintenant dans le village fantôme de l’ancienne exploitation italienne de potasse sous une chaleur accablante, sans un souffle d’air. Il est 11 heures. Pause… Vers le milieu de l’après-midi, détour vers le lac Karoum pour assister au départ des caravanes de sel. De retour à Dallol, notre guide nous invite à une nouvelle découverte des canyons de Dallol.

4 février. Avant de prendre la route de la montagne, nous rendons visite une dernière fois aux sites hydrothermaux, pour dire au revoir à ce monde étrange qu’est Dallol.


Le long retour vers Addis Abeba.

Première douche pour l’auteur après une semaine passée dans la dépression de Danakil.

Le retour s’annonce long. Dès les premiers contreforts de la montagne, une cascade permet enfin de se laver un minimum. L’arrivée à Mekele marque la fin de la piste mais pas celle du voyage.

Deux jours de route nous attendent encore, avec une circulation bien dangereuse. Des véhicules accidentés – dont une remorque complète de bouteilles de bière locale renversée – en témoignent. La météo changeante ne permet pas toujours d’admirer le paysage et les cols sont parfois franchis dans un brouillard dense. Une dernière descente et le trafic se fait de plus en plus dense. Addis n’est pas loin…

Rencontre au bord de la route.
Eglise près de Mekele sur la route du retour.



Texte et photos: Pascal Blondé – Voyage « Aventure et Volcans » effectué en avril 2016.

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