"Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète. Je vois toujours des horizons là où tu dessines des frontières". Frida Kahlo
"Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète. Je vois toujours des horizons là où tu dessines des frontières". Frida Kahlo

Ascension du SORIKMARAPI, un volcan assez peu fréquenté de SUMATRA.

Le volcan Sorikmarapi (2 145 m) est situé dans le parc national de Batang Gadis, province de Sumatra Nord, kabupaten de Mandailing Natal (« kabupaten » étant la seconde division administrative généralement traduite par « département »). Ce volcan a fait parler de lui furtivement fin 2011 lorsque les volcanologues relevèrent le niveau d’alerte à 2 (Waspada) et décrétèrent une zone d’exclusion de 1,5 km après avoir enregistré quarante-trois séismes entre les 11 et 12 décembre. Ses dernières éruptions phréatiques remontent à 1987, 1986 et 1970, mais on retiendra surtout qu’en 1892 des lahars emportèrent la vie de 180 personnes.


Retrouvez mes images volcaniques de Sumatra ici: Sumatra

 

Thierry Dockx, de L.A.V.E. Belgique, y était en juin 2009. Les images sur sa page web permettent de découvrir un cratère de 600 m de large renfermant un lac acide subdivisé en deux étangs et une mare, ainsi que des fumerolles et solfatares.

Ma belle-famille habite à 150 km de là, près de Bukittinggi dans la province de Sumatra Ouest, pas loin d’un volcan nettement plus connu : le Marapi. J’ai profité d’un séjour chez eux dans la deuxième quinzaine de ce mois d’août pour une petite escapade sur le Sorikmarapi, armé de renseignements complémentaires donnés par Thierry et du récit (en indonésien) d’une ascension, également disponible sur Internet.

Approche et préparatifs.

Départ de Bukittinggi, accompagné du fils de ma belle-sœur, en minibus (huit places plus le conducteur, coût 130 000 Rp/personne) pour un peu moins de 6 h de route et 207 kilomètres. Direction Payabungan par la route trans-Sumatra. Suivant les conseils d’amis indonésiens, nous descendons 5 kilomètres avant cette ville à Jambatan Merah (le « pont rouge »). Reste à rejoindre le village de Sibanggor en taxi collectif : le premier demande un prix exorbitant de touriste occidental (70 000 Rp, soit ~6,30 €), le second est complet, le troisième est enfin le bon, il ne demande que 6 000 Rp.

 

Sibanggor Julu, à 945 mètres d’altitude, est le dernier village avant le volcan (et le plus haut des trois villages nommés Sibanggor). Nous nous présentons au chef du village pour les formalités d’usage. Nous apprenons alors qu’il n’y a d’ascension le vendredi, mais nous sommes par chance vendredi soir et prévoyons de partir le lendemain de bonne heure. Une limitation, non abordée dans mon cas, mais découverte en parcourant internet : les femmes seraient interdites. Dernier problème : on ne monte pas de nuit (peur, tradition ?). Après discussion, le départ de la randonnée est finalement fixé à 4 h du matin, ce qui doit permettre d’arriver au sommet avant les nuages.

Bains chauds, premières marques (appréciées) du volcanisme.

Dîner et repos chez le chef du village qui se démène pour trouver un guide, tâche difficile en cette période de fêtes et de retrouvailles qui suit la fin du Ramadan. Les appels téléphoniques s’enchaînent. Finalement notre guide est trouvé, il s’appelle Adam. Le tarif convenu (guide, hébergement et dîner) est de 300 000 Rp (plus 50 000 Rp de don pour le village), un tarif plus élevé que la normale toujours en raison de cette période où tout est plus cher en Indonésie, où les hôtels affichent complets, les aéroports sont saturés et les routes embouteillées! Le volcanisme se manifeste à Sibanggor Julu par la présence de bains chauds largement fréquentés par les habitants. On trouve également d’autres sources chaudes dans un village plus bas. Un moyen idéal pour évacuer la fatigue du voyage.


Ascension.

À 4 h, le guide frappe à la porte et comme prévu nous entamons l’ascension sans trop nous presser. Une forte montée dès la sortie du village impose de s’aider des mains mais le chemin se poursuit rapidement sur un terrain ombrageux et herbeux sans forte déclivité. La troisième partie est plutôt courante sur ces volcans peu fréquentés : un sentier de terre se faufilant dans les branchages et les racines avec une pente assez marquée. Par temps pluvieux (ce n’est pas notre cas), le sol doit vite devenir glissant et impraticable.


Les modifications du lac depuis le passage de Thierry Dockx.

Quatre heures et trois ou quatre sangsues plus tard, nous atteignons le sommet. Un regard sur le lac ainsi que sur mes notes me permet de constater des modifications non négligeables depuis la venue de Thierry : la surface du lac s’est agrandie et englobe à présent l’emplacement des deux étangs et de la mare, la couleur est plus pâle et moins bleutée. Adam nous précise alors que la couleur du lac peut varier plusieurs fois dans une même journée !

 

 

La descente au fond du cratère se révèle légèrement sportive et demande un peu de désescalade mais, en laissant les sacs à dos au sommet, cela reste accessible sans trop de difficultés. On rejoint les solfatares en longeant le lac par la gauche, en ayant parfois un peu de mal à discerner les abords exacts du lac. Une pierre sur laquelle je prends appui s’enfonce dans la boue sulfurée et la moitié de ma chaussure en ressort blanche. Par chance, ce n’est pas chaud mais ce n’est pas le cas quelques dizaines de mètres plus loin car l’eau y bouillonne !

 

À certains endroits, le sol est composé d’une sorte de boue sulfurée durcie en couches superposées et me fait penser à des empilages de plaques de plâtre. Au-dessus de nos têtes, sur la paroi, s’ouvrent deux ou trois bouches d’un jaune caractéristique du soufre qui crachent bruyamment leurs fumerolles blanches.

 

Un second petit cratère éventre le flanc sud-est du volcan et renferme par intermittence un lac, présent mais de petite superficie lors de notre passage. L’eau y est claire, son nom de Danau Merah (lac rouge) venant de la couleur assez prononcée du sol. Les randonneurs repartent souvent en ayant fait le plein de leurs gourdes ici, car cette eau est connue pour avoir des vertus médicinales. On peut également s’y baigner, mais la température est franchement froide.

La météo étant clémente avec nous, le temps se maintient au beau fixe pour la première fois depuis le début de mon séjour à Sumatra et c’est seulement vers 11h15 que nous quittons le sommet. Nous savons qu’en bas les bains chauds nous récompenseront une seconde fois de nos efforts.


Sur internet:

En indonésien, deux récits d’ascensions :

Un sits web donnant des renseignements sur la géologie/géochimie du volcan :


Texte et photos: Pascal Blondé – Voyage effectué en Août 2012.

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