"Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète. Je vois toujours des horizons là où tu dessines des frontières". Frida Kahlo
"Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète. Je vois toujours des horizons là où tu dessines des frontières". Frida Kahlo

Ambrym, une île entre enfer et paradis

Quelque part dans le Pacifique au nord de la Nouvelle-Calédonie des hommes vivent sur une petite île, un paradis guère éloigné de l’enfer: leur île n’est qu’un volcan.


Retrouvez mes images volcaniques du Vanuatu.


Les bagages sont sortis du Twin-Otter à l’arrivée à Craig Cove sur l’île d’Ambrym

L’approche de l’aéroport de Craig Cove donne une bonne idée des infrastructures de l’île d’Ambrym: une piste d’atterrissage mi-herbe mi-terre, une petite cahute reliée au reste du monde par un poste de radio fonctionnant sur panneau solaire et trois ou quatre véhicules pick-up attendant d’éventuels passagers ou un peu de marchandise. Port Vila, la capitale, n’est qu’à une heure de vol mais semble lointaine avec ses 25000 habitants, ses magasins, hôtels et restaurants.

L’archipel du Vanuatu offre deux visages: celui de quelques endroits où le tourisme permet un certain développement (électricité, routes goudronnées, hôtels) et celui de ces îles perdues.

Ambrym, île volcanique triangulaire d’environ 44 kilomètres sur 30, a un peu plus de 6200 habitants. Une caldeira (cratère d’effondrement) de douze kilomètres de diamètre, formée lors d’une éruption majeure il y a environ 2000 ans, occupe tout le centre de l’île et abrite les deux cônes volcaniques du Marum et du Benbow. L’histoire de l’île relate nombre de séismes, de pluies de cendres détruisant la végétation et de coulées de lave dévastatrices.

Une liane réservoir d’eau potable.

5 heures de marche pour accéder à la caldeira.

L’accès à cet univers dantesque n’est pas simple. Depuis l’aéroport, une bonne heure de voiture sur une piste poussiéreuse est nécessaire pour rejoindre le village de Lalinda. La coutume impose alors un entretien avec les trois chefs du village pour obtenir l’autorisation de gravir le volcan et de louer les services des villageois comme porteurs. Puis, c’est cinq heures de marche à travers l’exubérante forêt équatoriale avant d’atteindre le bord de la caldeira. Heureusement, les porteurs connaissent les moindres ressources de la forêt: un coup de machette et de l’eau jaillit d’une liane pourtant bien ordinaire.

Arrivée de nuit dans la plaine de cendres balayée par le vent que forme la caldeira. A la lueurs des torches électriques nous entrons dans un autre univers. Quelques traces de végétation, et surtout deux colonnes de fumées rougeoyantes coiffant le Benbow et le Marum: les lacs de lave sont donc bien actifs.

Au petit matin, l’ascension du cône du Benbow permet de contempler le cratère d’un demi-kilomètre de diamètre composé de plusieurs terrasses. Des cordes sont indispensables pour l’accès aux niveaux inférieurs d’où le lac de lave apparaît dans toute sa splendeur: des lambeaux de matière en fusion sont projetés à une hauteur de 30 mètres.

En route pour le cratère du Benbow.
Préparation de la descente sur la 3ème terrasse du Benbow.

Sur le chemin du Marum, un petit cratère adventif du volcan expulse violemment des bombes dont les retombées sont heureusement limitées à l’intérieur du cratère.

Une marmite du diable à plus de 1200 degrés.

Le lac de lave du Marum: l’antre de l’enfer.

L’approche de nuit du Marum est encore plus impressionnante: en dehors du noir profond de la nuit, il n’y a que le rouge-orangé de l’incandescence du lac de lave qui, du fond du cratère, illumine les alentours. C’est une marmite du diable chauffée à plus de 1200 degrés. Une vision inoubliable pour Jimmy, un des porteurs, car les Ni-Vanuatu (habitants du Vanuatu) ne gravissent généralement pas les volcans. Ici un esprit descend d’un volcan pour entrer dans le corps d’un enfant à sa naissance et y retourne à sa mort.

Les traditions animistes restent ancrées aujourd’hui encore au travers des cérémonies de magie noire. Certains villages utilisent également des tam-tams, parfois haut de 5 à 6 mètres, pour rythmer les danses et communiquer avec les villages voisins.

Le chef du village, respecté de tous.
Danses près de Craig-Cove.
Procession précédant une cérémonie de magie noire.


Préparation du lap-lap, un plat typique du Vanuatu
Danses au village de Fali.

Le travail quotidien du Ni-Vanuatu est lié à la récolte des bananes et noix de coco et surtout à la culture du taro et de l’igname, base d’un plat cuit dans la terre: le lap-lap.


Le Kava, boisson enivrante du Pacifique.

Préparation du Kava: on mâche puis on recrache (île de Tanna)
Bar à Kava (île de Tanna)

Autre particularité du Vanuatu: le kava. Cultivée dans l’ensemble du Pacifique, cette racine, « piper methysticum » de la famille des poivres, est connue depuis plus de 3000 ans. Elle sert à la fabrication d’une boisson enivrante, relaxant musculaire et de l’esprit et provoquant une sensation d’anesthésie de la gorge.

Sa consommation se fait dans un cadre bien précis: à l’écart du centre du village ou dans une case réservée à cet usage (le Nakamal), généralement hors de la présence des femmes et en silence…

Retour à Craig-Cove où Arlette, l’institutrice de la mission catholique, rassemble les enfants du village pour nous offrir des chants « a capella » d’une fraîcheur remarquable.

Dans la classe de tôles et de feuilles de palmiers tressées flotte un air de vacances; c’est le dernier jour d’école.


A savoir:

Des enfants sur la plage de sable blanc de Champagne Beach sur l’île de Santo

Le Vanuatu, indépendant depuis 1980, est l’ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides. La monnaie est le Vatu; le change se faisant sur place. De plus en plus d’hôtels et restaurants charmants s’ouvrent au Vanuatu. On y dégustera crabes des cocotiers, langoustes et poissons, en se détendant en bord de mer.

Danse au village de Fanafo sur l’île de Santo

 

La visite des îles non touristiques telles qu’Ambrym relève plus de la petite expédition. Pour dormir, il n’existe que quelques « guesthouses », la tente est donc fortement recommandée.

 



Texte et photos: Pascal Blondé – Voyages « Aventure et Volcans » effectués en Novembre 1996 et Novembre 1997.

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