Le 22 décembre 2018, le cône du Krakatau s’effondre totalement provoquant un tsunami meurtrier qui balaie le détroit de la sonde. Je m’inscrit pour un nouveau voyage « spécial éruption » monté par Aventure et Volcans sur ce volcan mythique! Je ne sais pas si je pourrais approcher assez pour prendre la moindre photo, je n’ai même pas de drone… Une pause dans l’activité volcanique nous permet heureusement de débarquer le 17 janvier 2019 sur un volcan totalement méconnaissable.
[ Les photos de mes séjours au Krakatau sont ici…] Les images les plus récentes sont à la fin.
A voir également: une vidéo montée par Aventure et Volcans retraçant notre exploration: https://youtu.be/jen9Bg2_IQY ou https://vimeo.com/316452386 avec les images vidéos filmées par les participants.
Les premiers pas.
Après une traversée en bateau assez agitée, nous approchons de l’Anak Krakatau. Depuis plusieurs jours il n’y plus d’éruption. C’est largement suffisant pour que Guy notre guide nous propose de débarquer. Vers 18h00 locales nous foulons le sol. Nous sommes sûrement les premiers. D’après mon GPS nous sommes en mer pour près de 45 mètres!
La montée.
Le lendemain matin vers 8h nous quittons le campement en entamons la montée. Il faut trouver un passage dans les nombreux barrancos qui parcourent maintenant les flancs est de l’Anak Krakatau. L’ascension devient plus simple dès que nous marchons sur les arrêtes de ces ravins. Le paysage me rappelle fortement la caldeira d’Ambrym.
Au sommet… à peine un peu plus de 143 mètres d’altitude.
La nouvelle arrête sommitale de l’Anak Krakatau correspond plus ou moins au bord de l’ancien cratère où nous nous installions pour observer le spectacle du cône en éruption (lorsque ce n’était pas trop dangereux…). Selon mon GPS embarqué dans mon téléphone nous serions au maximum à 172m d’altitude dans l’ellipsoïde WGS84 soit 143 mètres d’altitude rapporté au niveau de la mer (ce qui correspond bien à ma trace enregistrée qui donne 0 mètre sur ce qu’il reste de la plage). Note du 20/2: Le 18 février le PVMBG a installé une nouvelle station sismo et mesuré l’altitude de l’Anak Krakatau à 155m.
Une fracture parcourt la surface de l’arête sommitale… Effondrement prochain possible?
Devant nous, à nos pieds, un lac de cratère a pris la place du cône disparu. Il est situé au niveau de la mer. Un rapide calcul basé sur les images satellites donne un diamètre voisin de 400 à 450 mètres. Une bande de terre présentant des signes d’activité fumerollienne le sépare de la mer sur laquelle une large trainée orangée apparait. A priori cette couleur serait due à l’interaction entre les cendres riches en fer et l’eau de mer.
Un regard rapide dans notre dos. Tout en bas un petit bateau blanc vient d’accoster sur l’île. Nous ne sommes plus seuls, mais les passagers ne montent pas jusqu’au sommet.
En milieu d’après-midi, nous prenons la décision de descendre dans cette ‘baie’ formée par les deux bras encerclant le lac. Nous constatons rapidement que cette zone nord de la baie est beaucoup moins tourmentée que le versant est de l’île et ses innombrables ravins. Par comparaison rejoindre la mer depuis le sommet est presque une promenade. Reste bien-sûr le danger d’une éruption qui pourrait être mortelle pour nous.
Nous restons là quelques temps à observer ce paysage qui n’existait pas il y a peu. Les forces de la nature ont eu raison d’un volcan de 330 mètres de haut. Il n’en reste rien d’autre qu’un paysage qui semblerait paisible et inchangé depuis longtemps!
Au courant de la journée, le sol se part d’une parure blanchâtre, sans doute des dépôts de gaz précipités par l’interaction avec l’humidité de l’air ambiant.
Tour de l’île.
Samedi 19 janvier. Avant de quitter la zone nous tournons autour du Krakatau. Côté est – là où s’étendaient une plage et une forêt – l’île s’est agrandie sur la mer de plusieurs dizaines de mètres et une imposante couche de cendre rend le paysage méconnaissable.
Approche de la côte ouest. Niché au coeur de l’anse nouvellement formée, le lac de cratère n’est pas visible au niveau de la mer, caché derrière un rideau de fumerolles. La mer prend une coloration orangée: phénomène chimique ou simplement particules en suspension?
Krakatau kecil ravagé, les rivages de Rakata disparus
A Rakata la fameuse plage a été engloutie et tout le long de sa côte nord le tsunami a arraché la végétation sur plusieurs mètres de haut. Krakatau Kecil n’est plus que désolation, toute trace de vie a disparu.
A Carita et Labuhan, les ravages du tsunami
L’effondrement du cône du Krakatau a provoqué un tsunami meurtrier sur les côtes sud de Sumatra et ouest de Java. A Labuhan, les dégâts sont importants. Un centre de secours et de collecte de dons a été ouvert dans une mosquée.
On nous emmène maintenant voir de nos propres yeux ce qu’il reste des maisons situées en bord de mer. Les murs de briques n’ont pas résisté aux assauts des trois vagues successives. Les survivants nous racontent comment ils ont vu mourir les membres de leur famille et leurs voisins.
En quittant Carita , le 20 janvier au matin, nous nous arrêtons une nouvelle fois pour nous rendre compte de la puissance du tsunami. Ces containers ont été balayés et transportés sur plusieurs mètres de part et d’autre de la route!
4 commentaires sur “Effondrement de l’Anak Krakatau, tsunami meurtrier: premiers pas sur un volcan méconnaissable mi janvier 2019!”
Superbe reportage photographique Pascal, Bravo !
Merci Pascal
Merci Guy
Un reportage toujours aussi captivant ! Le paysage est méconnaissable
Comme tous les autres auparavant, superbe compte rendu d’un voyage fantastique. Merci Pascal.