Après environ 5 ans de repos, voilà enfin le Krakatau en éruption et moi en route pour un rapide aller/retour. J’ai généralement eu la chance de le voir actif lors de la plupart de mes 6 séjours depuis 1993, alors pourquoi ne pas aller assister à son retour « à la vie »!
(…et j’y suis retourné en janvier 2008!)
[ Les photos de mes séjours au Krakatau sont ici…]
Aventure et Volcans nous a proposé un court séjour ‘spécial éruption’ encadré d’une nuit à l’hôtel à Carita, d’un repas de poisson, crevettes et crabes chez une amie indonésienne autant avant l’embarquement pour le Krakatau qu’au retour. Voilà de quoi être en forme et faire oublier les longues heures de vol en avion.
Le 9 novembre, en milieu de journée, lorsqu’à l’approche de la caldeira apparaît un panache au dessus de la silhouette du volcan nous sommes rassurés; il n’a pas eu la mauvaise idée de se rendormir avant notre arrivée. Deux fois la hauteur du cône de l’Anak Krakatau, les panaches ont l’air vraiment imposants.
Première opération, faire le tour de l’Anak Krakatau pour découvrir ce fameux nouveau cratère et se rendre compte de la dangerosité actuelle des éruptions. Une zone de sécurité de 3 km interdit en théorie l’accès au volcan. Sur le flanc sud près du sommet, la nouvelle bouche du volcan a un diamètre estimé à une centaine de mètres. Les éruptions ne se font pas attendre longtemps, 5 à 10 minutes le plus souvent au maximum!
Au cours de ces 48 heures passées au chevet du volcan (nous repartirons en milieu de journée le 11 novembre), nous assistons sans relâche aux éruptions qui alternent panaches noirs avec éjections de bombes et de cendres et panaches plus clair. Les premiers sont bruyants, jamais je n’ai entendu d’aussi fortes détonations sur le Krakatau.
On ressent même à plusieurs reprises l’onde de choc au niveau des tympans! Quand aux bombes mieux vaut ne pas être sur leurs trajets car de la taille d’un camion. D’innombrables blocs retombent loin du cratère – certains en mer – et roulent sur les flancs mettant en « péril » la station de mesures sismiques KM03 dont on aperçoit le mât d’antenne en bord de mer. De nombreux claquements secs, dus aux frottements des particules de cendres, se font entendre dans les panaches.
Sur la mer, des « bans » de pierres ponces se dispersent au gré de la houle. La blancheur du pont de notre embarcation est constellée de cendres noires, chassées à coup de seaux d’eau.
Après débarquement sur l’Anak Krakatau et installation sur la plage habituelle, la recherche d’un point de vue d’où le cratère est visible est une tâche plutôt ardue: sur l’arête habituelle, la base des éruptions reste cachée et déambuler à travers les laves AA vers le sud nous amène vite sur la zone de retombées des bombes à en juger à celles déjà au sol.
Nous essayerons même une approche via le versant nord de l’Anak Krakatau (à l’opposée donc du nouveau cratère): un bon point de vue nocturne peut-être mais le sifflement des bombes et le bruit des impacts au sol dans la nuit noire sont sans appel: là aussi nous sommes directement sous le trajet des bombes qui de plus ne sont de loin pas toutes « rouges » donc visibles.
Finalement, c’est sur la côte sud-est (au sud de la forêt près de la mer) que la vue est la meilleure. Mais même là, la sécurité n’est pas garantie: le deuxième soir, du bateau nous apercevons quelques arbres en feu dans la forêt proche! Il faut se rendre à l’évidence, la puissance des éruptions semble alors avoir augmenté. Avec la pluie qui se mêle de la partie, la seconde soirée d’observation à terre est plutôt compromise.
En dehors du bateau, la plage de l’île de Rakata offre une vue directe sur le nouveau cratère actif, mais téléobjectif et temps clair sont indispensables. Ca reste néanmoins le seul bon point d’observation terrestre au cas où l’activité volcanique interdirait le débarquement sur l’Anak Krakatau.
Le peu d’incandescence des éjections laisse penser à un débourrage de la cheminée du nouveau cratère. A de nombreuses reprises nous remarquons également que des fumerolles apparaissent ou se renforcent juste à la base du cratère actif avant les éruptions. Est-ce un signe de la présence d’un système de failles et de faiblesse de ce versant? Le spectacle de jour n’est pas ridicule. Du noir profond au blanc, c’est une véritable symphonie de gris que nous offre le volcan, parsemée de quelques blocs rouges. La fin de cette activité sera sans doute suivie d’une phase plus traditionnelle avec plus d’incandescence et plus de régularité donc moins dangereuse qu’en ce moment.
Quelques jours après notre retour, Monique de Saint-Cyr fait remarquer à Guy son mari que sur d’anciennes photos prises par lui il y a une quinzaine d’années se trouvait déjà un cratère sur ce flanc sud! Alors, n’est-ce pas simplement la réapparition d’une ancienne bouche?